Tentoonstellingszicht ‘Een gesprek tussen collecties uit Kinshasa en Oostende’ (episode 2) (c) Kristien Daem
Young Congo est une exposition qui a eu lieu à Kinshasa en 2017 à l’initiative de Kin ArtStudio (KAS). Elle a rassemblé les œuvres produites par de jeunes artistes congolais avec le soutien du KAS. Le KAS se veut être un laboratoire indépendant de la création contemporaine de la jeunesse kinoise. Laboratoire parce que comme l’a dit Pr. Lye M. Yoka (directeur général de l’Institut National des Arts de Kinshasa) l’objectif est d’« expérimenter les nouveaux sentiers de la recherche-action en phase à la fois avec les traditions « performantes » endogènes et les tendances esthétiques contemporaines et universalisées. ». Kinshasa est une ville dépourvue aujourd’hui d’institutions muséales détentrices de collections d’œuvres susceptibles d’être montrées dans des expositions à travers le monde. Les œuvres sont bien là, elles existent, mais restent dans la plupart des cas la propriété de collectionneurs privés rattachés à aucune institution.
L’action de collectionner en tant qu’individu est sans doute une action similaire dans les différents coins du globe. Ce qui différentie cet acte du nord au sud - acte qui sera soumis aux interprétations, aux confrontations et autres dialogues - est l’implication d’institutions dans l’acquisition d’œuvres d’art ou même dans le prêt ou l’acquisition de collections d’œuvres initiées par des individus. Sans vouloir surestimer ou surinvestir la mission d’accumulation d’œuvres par les institutions muséales, il semble évident que la démarche d’acquisition est différente lorsqu’elle est initiée par un individu ou lorsqu’elle est le fait d’une structure ayant des objectifs inhérents à sa nature.
Comme dit plus haut, la ville de Kinshasa n’a pas de musée d’art moderne et/ou contemporain. Les deniers publics étant très peu consacrés à la culture, la création contemporaine naît et se développe via des initiatives privées telles que le KAS. Le KAS, né en 2011 et fondé par l’artiste Vitshois Mwilambwe Bondo, se concentre sur la création de jeunes artistes congolais. Il encourage la création dans le domaine des arts visuels et autres formes d’expression contemporaine, et favorise en même temps des échanges entre artistes et initiatives artistiques à travers le monde.
Partant de ces constats, il serait intéressant de réfléchir à l’institution muséale, non seulement dans sa nature et ses missions, mais aussi en fonction du contexte sociétale et économique dans lequel elle évolue. Le Mu.ZEE, dans sa démarche de dialogue entre sa collection et celle d’un collectionneur privé ayant acquis des œuvres originaires de Kinshasa, se connecte avec l’histoire et l’environnement socio-économique de la ville de Kinshasa mais fait aussi le choix intéressant en tant qu’institution publique d’échanger avec le regard d’un seul homme. Pourquoi ne pas également envisager à l’avenir le regard entre institutions ? Institution muséale avec centre de création contemporaine comme le KAS. De telle manière que la confrontation entre les deux structures ferait naître une réflexion tant au niveau de l’histoire mais aussi des pratiques et processus d’aujourd’hui menant à la production artistique dans un contexte comme celui de Kinshasa. Ce genre de dialogue entrerait dans la ligne des réflexions que s’impose le Mu.ZEE, à savoir revoir l’hégémonie des institutions occidentales sur celles africaines mais aussi considérer le musée, plus qu’un lieu d’histoire et d’accumulation d’œuvres, comme un lieu d’expérimentation et d’échanges de pratiques.
Sorana Munsya